Le Conseil d’État met la fonction publique en colère

Le Conseil d’État met la fonction publique en colère

Préavis de grève de la fonction publique, manifestation et motion populaire contre la politique de démantèlement de l’Etat social du Conseil d’Etat. Débrayage du personnel communal à la Chaux-de-Fonds contre les économies prévues sur les salaires des employé-e-s. Le canton de Neuchâtel vit dans l’effervescence des mobilisations syndicales de la fonction publique. (réd)


Le Grand Conseil Neuchâtelois s’est spécialisé, comme d’autres, dans les cadeaux fiscaux aux riches – baisse de l’impôt des sociétés morales de 18% à 10%, diminution de l’impôt sur les succession et baisse de l’impôt sur la fortune immobilière. En août le Conseil d’Etat annonçait un déficit record de 150 millions de francs et mettait tous ses services sous pression pour qu’ils revoient leur budget à la baisse. En septembre, il annonçait notamment la suspension jusqu’en 2006 d’une revalorisation de 1% des salaires, rompant ainsi le protocole d’accord signé en 2001 avec les associations du personnel.


Un préavis de grève a été voté, le 23 octobre, par une assemblée générale du SSP, mais de son côté le Conseil d’Etat a maintenu sa position. Seule petite concession: au lieu de supprimer complètement l’indexation des salaires initialement prévue dans le train de mesures (et qui impliquait un changement de la loi) il a annoncé qu’il accorderait une compensation à hauteur de 0,1%. Geste qui se voulait symbolique.


Le jeudi 27 novembre, une manifestation réunissant près de 1000 personnes a défilé dans les rues de Neuchâtel pour protester contre cette politique des autorités: «Signature bafouée, personnel humilié!», «Ne touchez pas à nos salaires!», «Des moyens pour un service public de qualité! Des moyens pour la santé!»

Motion populaire

Seul le SSP et les Transports Publics Neuchâtelois ont jugé nécessaire de mobiliser leurs membres pour l’AG qui a suivi cette manifestation unitaire de protestation. Une partie des associations du personnel – même opposées à la politique des autorités – semble ne pas encore avoir pris la mesure de toute la gravité des attaques en cours. Constatant la difficulté à organiser un débrayage dans ces conditions, l’assemblée a voté une résolution à l’adresse du Grand Conseil et la tenue d’un rassemblement dans la cour du château pour demander aux député-e-s de ne pas accepter le budget 2004. Une motion populaire demandant une contribution de solidarité – une vraie – de 1% sur les fortunes des millionnaires et multimillionnaires a été lancée en même temps. Elle permettrait à elle seule de couvrir le déficit du budget 2004!

A la Chaux-de-Fonds, le personnel communal débraye et gagne!

Ce printemps, suite au succès en votation populaire au Locle d’une initiative de baisse des impôts lancée par la droite, la majorité du Conseil communal de la ville de La Chaux-de-Fonds a décidé d’accepter une initiative fiscale analogue. Le résultat ne s’est pas fait attendre: les comptes de la ville se sont retrouvés au rouge. Le Conseil communal a donc décidé d’économiser un million sur les salaires des employé-e-s de La Chaux-de-Fonds: suppression de la compensation du renchérissement, gel des hautes paies (augmentations annuelles) pour l’année 2004.


Une assemblée générale des employé/es communaux, organisée par le SSP, a refusé ces mesures et a déposé un préavis de grève. Le 29 octobre, près de 500 personnes manifestaient devant l’Hôtel de Ville, à l’occasion de la session du Conseil général. L’exécutif étant resté sur ses positions, un débrayage de 3 heures a eu lieu le matin du 11 novembre, mobilisant les enseignant-e-s et les employé-e-s de la ville. En début d’après-midi, 200 employé-e-s débrayaient à leur tour à l’Hôpital, durant l’heure des visites.

Sympathie de la population

Suite à cette action qui a visiblement suscité la sympathie de la population et des médias, le Conseil communal a partiellement reculé: le 17 novembre, il annonçait accepter de verser le renchérissement jusqu’à un plafond salarial de 50000 francs, mais maintenait sa position concernant le gel des augmentations annuelles.


L’assemblée générale du personnel (20 novembre) a accepté ces propositions à une majorité des 2/3, mais en annonçant dores et déjà qu’un non-rattrapage des hautes paies de 2004 dans les années suivantes (2005, 2006, 2007) entraînerait un nouveau débrayage. Elle a aussi exigé la suppression des plus basses classes de traitement, demandé des compensations en effectifs et pris une position critique par rapport aux fermetures de classes envisagées.


Sans la détermination des employé-e-s et l’engagement des structures régionales du SSP, il n’aurait pas été possible d’arriver à ce résultat, qui prouve mieux que tous les discours que la lutte paie. Une nouvelle manifestation est prévue pour le 9 décembre, à nouveau à l’occasion de la séance du Conseil général. Affaire à suivre…


Hans-Peter RENK